samedi 1 mai 2010

Le Pays des Humains Volants


Blogging Against Disablism Day, May 1st 2010

(des personnages dessinés dans les airs semblant voler, au loin)

Dans le cadre du "blogging against disablism day"* Je vous propose un post un peu spécial



Une petite histoire de mon cru que j'avais dans la tête depuis un petit moment et qui a donné son titre à mon blog

Sans doute un peu maladroite, elle me trottait dans la tête depuis un petit moment déjà, elle est surtout une illustration de ce que signifie le modèle social du handicap (du moins en partie) , bien qu'à l'époque où je l'ai imaginée je n'avais pas encore entendu parler du modèle social du handicap!



Il était une fois un pays de je ne sais pas quand, de je ne sais pas où, où vivaient des êtres humains presque pareils à vous et moi.


Ils étaient semblables à nous à un détail prêt: Ces êtres humains étaient capables de voler!


Loin d'être des sauvages ils avaient fondé une société très avancée.
Leur capacité à voler se retrouvait bien sûr au centre de la construction de toute leur société et de leur culture.
Toutes leurs villes avaient la forme d'un ensemble de plates formes plus ou moins hautes, certaines accrochées à des arbres géants ou des falaises, d'autres construites sur de gigantesques pieds de pierre, de béton ou de métal.
La plus grande partie des sports pratiqués par ces explorateurs des airs, incluaient la capacité à voler

Si les bébés ne volaient pas encore, ils commençaient généralement à voleter et à planer autour de trois ans (deux ans pour les plus précoces) et à 4 ans ils prenaient leurs premiers cours de vol, à partir de 7 ans ils avaient le droits de voler d'une plate forme à une autre sans être accompagnés par un adulte et à 12 ans, ils pouvaient à leur guise aller explorer les cimes...

Mais voilà, il arrivait parfois que naisse un enfant différent, qui même en grandissant, avait grand peine à voler et ne pouvait jamais voler sur de longues distances ou même haut,
pire encore, il arrivait que naissent des enfants incapable de voler, ou même de décoller à quelques centimètres du sol.

Ces êtres étaient considérés comme handicapés, pendant des siècles ils furent l'affaire de la charité publique, on les plaignait, on les prenait en pitié et on leur donnait juste de quoi subsister, la plupart du temps ils étaient pris en charge par leur familles, et quand ils n'avaient plus de famille on les laissait à la rue où ils dépendaient de la générosité des passants, puis on commença à créer des institution dans lesquelles on les enferma, là ils ne gênaient plus la vue à faire mal au cœur aux honnêtes gens, là parfois ils étaient victimes d'abus de toutes sortes, ils n'avaient pas le droit de sortir de construire leur vie, ils ne rencontraient que du personnel médical, des parents en visite ou, de temps à autre, des journalistes curieux ou des scientifiques en quête de cobayes pour une étude.

cela n'a pas empêché certains d'être heureux, de trouver le bon côté des choses, de s'instruire, de vivre leur vie... et puis quelques-uns sont encore restés dans leurs familles, et là malgré les nombreuses difficultés (après tout quel poids quelqu'un qui ne vole pas peut représenter pour des volants) ils ont parfois su être appréciés et même apportés beaucoup à leurs familles.

...Et puis un peu de temps s'est écoulé et on a commencé à voir apparaitre ce qu'on appelle des accommodations, des petits engins volants individuels adaptés spécialement à ceux qu'on n'appelait plus officiellement à présent les "soliens" mais les "non-volants" (à noter que certaines accommodation ont également été développées pour les mal-volants) grâce à ces "fauteuils volants" comme on les appelait, d'avantage de non-volants purent atteindre une quasi-indépendance mais cela n'empêchait pas leur vie d'être bien difficile.

Dès l'enfance les soliens... pardon les non volants étaient un peu mis à l'écart par leurs camarades (enfin en fait parfois pas tant, ça dépendaient un peu des circonstances), et surtout à l'adolescence il étaient très fréquent que des jeunes volants se mettent à plusieurs pour embêter un étudiant non-volant, dans les pires des cas, ils s'amusaient à l'attraper à le prendre dans les airs avec eux et à se le lancer comme un ballon, ce qui donna lieu à plusieurs accidents tragiques.

La discrimination se faisait aussi sur les lieux de travail, malgré la mise en place de place spéciales de parking pour non-volants et d'autres accommodations, les employeurs continuaient à rechigner à engager un non-volant, même pour un travail ne nécessitant pas spécifiquement des capacités de vol.

Sans parler de la vie amoureuse... dans l'inconscient collectif, les non-volants n'étaient pas considérés comme le genre de personnes capables de mener une vie de couple... avaient ils même une sexualité? il était relativement rare d'assister à un mariage entre une personne volante avec une personne non-volante et quand cela arrivait, dans l'opinion publique la personne qui choisissait sciemment de s'unir à un(e) non-volant(e) était considérée comme un modèle de courage de générosité et de résignation, quand aux couples de deux personnes non-volantes, le grand public semblait ne même pas en connaître l'existence.

On fonda des sports spéciaux pour les non-volants, basés souvent sur le rapport au sol et à la gravité ces sports étaient parfois particulièrement spectaculaires et passionnant, mais la majorité se contentait de jeter dessus un regard condescendant (quand même ils en entendaient parler), ne voulant se passionner que pour les sports "normaux".

Les associations de parents de non-volants firent peu à peu place à de plus en plus de groupe de personnes non-volantes défendant leurs propres droits, à forces de batailles juridiques et de campagnes de sensibilisation, ils réussirent à obtenir un grand nombre d'accommodations ainsi que des droits presque égaux à ceux des autres citoyens...

N'empêche certains extrémistes ne purent s'empêcher d'aller plus loin, clamant que leur façon d'être, d'exister avait autant de valeur que celle des volants, et qu'être non-volants avait aussi des avantages, comme être d'avantage en contact avec la matière du sol et donc avantagés pour l'étudier, ou d'avoir une toute autre perspective sur le monde et de voir ce que les autres ne voient pas, ou encore d'avoir un rapport "plus concret à son propre corps", ils émettaient même des réserves quand au test prénatal permettant aux parents d'avorter des enfants non-volants non désirés et du fardeau qu'ils auraient représentés...

...bref n'exagérons pas... être non-volant est un handicap terrible qui cause de nombreuse souffrance pour la personne atteinte du handicap et pour son entourage... n'est-ce pas tragique tous ces non-volants condamnés à ne vivre qu'une demi vie?


....Comment vous êtes non-volant,vous en êtes sûrs? Je vous plains!

Fin

*Le blogging against disablism day a lieu tous les ans le 1er Mai, de nombreux bloggeurs décident de faire un post sur le sujet du disablism... je ne connais pas de mot français correspondant à disablism... en gros c'est l'équivalent du racisme et du sexisme mais à l'égard des handicapés (pour plus d'informations cliquez sur le panneau en haut)

12 commentaires:

  1. Zut, j'ai commencé ce post le 7 Avril, mais je l'ai publié le 1er Mai, j'espérais qu'il serait considéré comme un post du premier Mai, pour le Blogging Against Disablism Day

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  2. Olé, si tu veux modifier la date de ton article, tu peux cliquer sur " Options " en bas de ton message ( quand tu l'écris ou le modifies )et là, à droite, tu peux modifier la date et l'heure.
    Bon dimanche.
    Brigitte...

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  3. Merci Brigitte, ton conseil m'a été bien utile

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  4. Belle idée, ça donne très envie de ce plonger dans ce monde comme dans un bon livre ou film de science fiction ... de ceux qui dépeignent en fait métaphoriquement mais d'autant plus efficacement ce qui n'est pas de la fiction.

    J'aime beaucoup le rapport à la terre des soliens et leurs jeux d'équilibre, et j'imagine les normaux volant plus ou moins mal à l'aise au sol, allant parfois jusqu'à perdre la capacité a marcher ...

    Manu (qui a suivi le lien depuis asperansa)

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  5. Très belle histoire qui donne à réfléchir.!
    BRAVO.!
    Murielle

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  6. Bravo ! ça fait plaisir de voir un blog en français ! Moi, j'avais traduit ce truc que tu connais sûrement déjà : http://8rainbow.blogspot.com/ Je vais essayer d'en faire d'autres mais c'est un peu galère. Je vais voir ... En tout cas continue à écrire c'est super.

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  7. @ Murielle: Merci beaucoup je suis content que ça t'aie plu
    @ Manu: Content que toi aussi tu aies aimé, je ne sais pas si certains volants n'arrivent plus du tout à marcher, mais il est sûr qu'une grande partie d'entre eux néglige son rapport au sol.
    En fait l'idée de ce post n'était pas seulement d'illustrer par la métaphore ce que peuvent vivre des personnes handicapées dans une société non adaptée mais aussi d'exprimer ce qui constitue la définition du modèle social du handicap: les aspects les plus handicapants ne viennent le plus souvent pas de la condition physique ou mentale en elle même, mais d'une société non adaptée et/ou intolérante vis à vis de la différence.
    pour plus d'informations à ce sujet il y a une page (en français) à ce sujet(il y a même un dessin):
    http://www.making-prsp-inclusive.org/fr/6-le-handicap/61-quest-ce-que-le-handicap/611-les-quatre-modeles.html

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  8. @ Gwyneth Bison: Content de voir que je ne suis pas le seul à m'intéresser à la traduction de texte d'autistes de l'anglais au Français...
    Merci pour le lien, j'apprécie de ne pas être le seul à me lancer dans la tâche de faire connaître ces textes encore malheureusement trop méconnus, je vais peut-être un jour mettre un lien vers ton blog!

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  9. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  10. Je lis les textes du BADD, même si je prend mon temps. Ce texte est une belle illustration du modèle social du handicap. Bravo!

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  11. @Gwyneth Bison:
    Tiens, pourquoi as-tu effacé ton deuxième commentaire?
    J'espère que ce n'est pas parce que je n'avais pas répondu, je mets parfois un peu de temps à répondre... mais ça ne veut pas dire que ça ne m'intéresse pas!
    Moi aussi c'est beaucoup grâce aux textes d'Amanda Baggs que je me suis intéressé à tous ces sites, elle m'a beaucoup apporté et fait réfléchir...
    te concernant, je suis bien content qu'un NT s'intéresse à nous et à nos écrits... les sites que je lis ne s'intéresse pas tant à l'autisme qu'à la neurodiverité en général, donc tu y as parfaitement ta place, et je suis sûr que tu serais le bienvenu sur ASPERANSA!

    @Louna: Merci, merci vraiment

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  12. Commentaire effacé : nan, pas du tout, j'avais un peu l'impression d'avoir raconté des conneries, timidité on va dire. En fait, c'est chiant les blogs, je viens juste de voir ton commentaire ( et aussi que tu m'avais mis en lien ! merci).

    On s'est un peu croisé en fait et j'ai déjà été me présenter sur asperensa. Ma foi, les grands esprits se rencontrent.

    bon tu as déjà lu la présentation, mais j'ai écrit une " explication " à ma présence un peu plus longue et ce que vous m'avez dit et votre acceuil, ben ça m'a vraiment débloqué pour mon article et depuis je bosse comme un barge là-dessus.

    Je suis assez content de la tournure que ça prend.

    Mais bon, à mon avis il restera plein de trucs à dire...

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